Altaïr
| Sujet: Fragment #32 – Souvenir d'Afrique 30.11.08 13:30 | |
| Dimanche 30 novembre 2008 à Dijon Le masque africain ramené de Dakar a l’air de sourire, perché là-haut, accroché au mur derrière le comptoir. Il me regarde tout le temps. Quand je passe la porte du Dionysos, il est déjà là, il m’attend, et y a ses yeux vides qui me suivent, jusqu’à la porte de l’arrière salle, et ensuite je sais qu’il est toujours là, et qu’il me guette, qu’il espionne le moindre de mes mouvements, en silence, comme ça, l’air de rien. Je sais pas si je l’aime bien, ce masque. Y a quelque chose de bizarre, dedans. Si je le garde, c’est parce qu’il me rappelle mon premier voyage à l’étranger, ma rencontre avec la jeune Charlie Collomb et son petit ami, cette histoire un peu folle comme il en arrive toujours quand mon père est dans les parages. Dieu seul sait où il peut être, maintenant, ce bougre. Peut-être qu’il sillonne l’Afrique, ou bien il a changé de continent, et alors là, pour le retrouver, tintin. Allez localiser ce vieux cinglé au beau milieu d’une rizière dans la Chine intérieure, ou alors de l’autre côté, dans la pampa argentine, ou encore dans un désert australien. C’est fou, on en a des technologies sur cette fichue planète. Des bidules et des machins qui te repèrent à des kilomètres. Mais si t’es pas recherché par la CIA ou un truc dans le genre, tu peux disparaître assez facilement, finalement. J’ai raconté l’histoire à Julian, vu qu’il était de passage à Dijon ce weekend. Il a l’air d’aller vraiment mieux, ça fait plaisir à voir, après tout ce temps où on s’est fait du mouron pour sa santé. Lui il a préféré prendre ça à la rigolade, et il a dit que ça allait inspirer son tout premier roman. Après tout, tant mieux, si ça peut servir à quelque chose. Mieux en faire un bon roman qu’une affaire d’Etat. Mais quand même, c’est mon père, et ça me chagrine de me dire que je viens de là, même si je sais que j’ai pas ça dans le sang. | |
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