Aldébaran
| Sujet: Fragment #35 - Chez Jonathan 10.04.08 16:37 | |
| Lundi 14 août 2006 à Dijon La lumière vient taper au carreau. Mes yeux s’entrouvrent. Les rais du soleil matinal jouent avec les stores vénitiens, lumière et ombres intercalées. Les draps blancs respirent sous la légèreté de ce soleil matinal. Je ne suis pas chez moi. C’est la première phrase qui me vient à l’esprit. Les yeux entrouverts, les paupières encore engourdies par une nuit de sommeil. Ma pupille se dilate sous la lumière forte. A mes côtés, Jonathan est accoudé au matelas, et me regarde tranquillement. Sa respiration s’est accordée à la mienne. Sa poitrine soulève le drap avec rythme. Ses yeux rient de mon regard tout ensommeillé. Mes paupières papillonnent. Une fois. Deux fois. Ma main droite remonte à mon visage pour me frotter les yeux. J’ai beaucoup de mal à les ouvrir. Jonathan passe une main dans mes cheveux. Rapproche mon visage du sien. Me dépose un chaste baiser sur les lèvres, et s’éloigne. Je me rapproche à nouveau et entrouvre ses lèvres mentholées de ma langue. Jonathan se lève, me laissant seul au milieu de son grand lit japonais au ras du sol, sa place encore molle et chaude à mes côtés. Il entrouvre la fenêtre qui laisse échapper les bruits de la rue, klaxons énervés, bavardages quotidiens, cris d’enfants. Une odeur de café chaud me prend aux narines et la boulangerie du coin vient à ma rencontre dans une danse de relents chauds et sucrés des baguettes et des croissants matinaux. Jon me demande de la cuisine si je veux du café. « J’aime beaucoup cette odeur, mais un thé me suffira, avec tout ce que j’ai mangé hier soir », je lui réponds. Je me souviens de la veille. De nous deux marchant côte à côte dans les rues, au sortir de la soirée de Christelle. Sa main dans la mienne, ma tête contre son épaule. Puis plus tard notre déshabillage commun. Mon corps glissé entre les draps respirant la lessive. La chaleur communiquée au lin. Et son corps contre le mien. Nos respirations qui se calent. Mon dos au creux de toi. Tes bras m’enserrent. Je puis dormir à l’aise entouré de ton toi. Tes mots au creux de moi, « Bonne nuit petit ange, fais de beaux rêves. Pense à moi. » Tes jambes autour de moi. Petit cocon tout doux. Œuf primitif de nos deux entités soudées. Ton cœur bat contre mon dos, au même rythme que le mien. Bonne nuit petit ange. « Eh, la marmotte, pas de petit déjeuner au lit aujourd’hui. Mes draps sont propres d’hier. » Sortir. Il faut sortir de ce lit doux et tout pour moi. S’asseoir, se rapprocher du bord, et poser ses deux pieds sur le carrelage blanc et froid. Enfiler un boxer de lycra noir. Se lever, trouver l’équilibre sur la plante de ses pieds. Ni trop en avant, ni trop en arrière, et tout faire pour être le moins possible en contact avec le carrelage. Marcher jusqu’à ta cuisine. Et s’asseoir. Le contact froid tout d’abord du métal de tes chaises, basculer d’une fesse sur l’autre jusqu’à s’habituer. Porter les mains à mon bol que tu as préparé pour moi et le monter jusqu’à ma bouche. « Bon d’accord ! » Je prends mon courage à deux mains. A trois, je sors. 1…2…3……4… Bon, à six alors. 5…6……7…8…9… Après avoir compté jusqu’à cent cinquante, je me décide enfin. Je rejette les draps sur le côté. Arabesque blanche et lumineuse, aura guindée sur le lit japonais. Je m’assois sur le lit, je me rapproche du bord, je pose mes deux pieds sur le carrelage blanc et froid… | |
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