Fragment #482 - Je pense à mon avenir

Est-ce que je lui ai assez dit que je l'aime ? Est-ce que je n'ai pas été bête de lui dire non, pour Noël ? Lola veut que nous le passions tous les deux, comme il y a deux ans, -ou plutôt tous les trois car aujourd'hui il y a la petite- mais je ne sais pas si je serai capable d'annoncer à mes parents que nous sortons de nouveau ensemble. Et comment affronter le regard des siens ? Comment dire aux gens de ne pas m'en vouloir, comment leur faire oublier combien j'ai été un salaud de lâche ?
Je passe une main sur mon visage, essaye de faire le vide en moi. Sa Majesté vient se frotter contre moi en ronronnant.
Une petite voix me dit que je n'ai pas été un salaud, ni un lâche. Je ne sais pas si c'est un reste de Malvo, la personnalité qui est venue à mon secours contre Maya, mais je me risque à l'écouter.
Est-ce que je suis coupable de cette maladie ? De ces ombres intérieures, comme les appelle Lola ?
Est-ce que les gens ont le droit de m'en vouloir d'être schizophrène ?
Non, et le temps presse. Car trop de temps a déjà été perdu, loin d'elles.
J'empoigne mon téléphone, vite, les doigts tremblants. Je recompose le numéro de Lola, le plus vite possible. Sonnerie. Elle décroche.
« Heu, Lola ?
- Bah oui ?
- J'ai oublié de te dire : c'est OK pour Noël. Réveillon chez les Sinclar, midi chez les Mahogany, ça te va ? C'est pas mon père qui va nous dicter sa loi, non mais oh.
- Heu... Super. Mais t'es sûr hein ? On a tout notre temps pour faire ça si t'es pas prêt cette année...
- En 2006 on a fait ça et c'était super, souviens toi. Il va juste falloir que ma famille accepte que je sois de retour dans ta vie et dans celle de Kokhavah.
- La mienne aussi hein... Mais c'est toi et la petite ma famille maintenant. Noël sans vous... C'est pas imaginable. Si ça leur plait pas, on ira faire Noël tous les trois. Ailleurs !
- Ca marche pour moi !
- Alors pour moi aussi ! Allez je file, mademoiselle capricieuse me réclame !
- Tel est ton destin ! Gros bisous...
- Enormes bisous de nous deux... Plein de bave en ce qui concerne ta fille ! Bonne nuit...
- Bonne nuit ma chérie. »
Je raccroche, apaisé. Apaisé, et pourtant, mon coeur bat à tout rompre dans le creux de ma poitrine.
Il ne me reste plus qu'à me renseigner au sujet de l'appartement du type qui s'est suicidé hier. Si ça se trouve, Lola, Kokhavah et moi pourrions y emménager ensemble, qui sait ?