Bételgeuse
| Sujet: Fragment #13 - Trois jours plus tard 10.04.08 19:52 | |
| Jeudi 29 juin 2006 à Dijon Je n’en peux plus d’être enfermée ici, enfermée entre les murs de ma pensée, j’étouffe, j’erre dans quelques mètres carrés sans savoir quoi faire, je navigue parmi mes propres saletés, je sens mes poumons se rétracter à cette idée. Ils doivent exploser, aspirer de l’air, de l’air ! J’ai la tête qui tourne à force d’ennui, il faut que je sorte d’ici. 15h21. Je suis levée depuis à peine une heure, et déjà je ne supporte plus d’être éveillée. Endormie, je ne me rendrais pas compte de l’ennui qui s’insinue dans mes veines, partant du cœur pour arriver aux poumons, puis se répandant dans tout mon corps. J’enfile rapidement un jean, un t-shirt, j’ai parfaitement conscience de ne ressembler à rien, mais je m’en fous. J’emmerde tous ces gens qui oseront penser que je ne ressemble à rien, tout ce que je veux, c’est un peu d’air, pouvoir me sentir enfin en phase avec la nature, qui nous offre ce soleil chaleureux, ce vent rafraîchissant, et l’eau qui nous est vitale. Je m’emporte, je m’emporte, ce que je pense ne veut plus rien dire, enfin si, mais bref, oh je n’en peux plus de buter contre les parois de mon âme. J’attrape mon sac, j’ouvre la porte. Surprise. Qu’est-ce qu’il fait là, lui ? Le mec tout stone, à quelques pas de ma porte. Il porte un chapeau en feutre sur ses cheveux ébouriffés. « Heum… Je vous apportais un morceau de gâteau, pour euh… vous remercier, pour… le sucre ! Oui, voilà… » Grumpf. Je ne peux quand même pas être méchante avec lui, là. Il… il me regarde. Avec ses yeux. Drôle de mélange, ses yeux… « Oui, je sais que vous vous dites qu’il doit être un peu vieux, enfin je veux dire, c’est vrai que je vous ai pris du sucre il y a deux jours, peut-être même trois, mais je vous assure qu’il est encore très bon, enfin je ne voulais pas vous déranger, je… je vais y aller. » Il pose le gâteau dans mes mains, et je le vois se retourner, bientôt il disparaîtra dans la cage d’escalier, ce sera trop tard. « Hey ! » Il me jette à nouveau son regard doux, posé, et triste. « Euh… merci ! » Léger sourire, qui fait apparaître ses fossettes. Il pose la main sur le devant de son chapeau pour me saluer, et disparaît effectivement dans l’obscurité de la cage d’escalier. | |
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