Fragment #171 – Retour rue du Vieux Colombier

Dimanche 11 janvier 2009
à Paris

16h24. Je pose mon sac dans ma chambre. Je prends ma garde dans une heure et demie. Au dehors, on peut voir le soleil commencer à décliner. La porte s'ouvre.
« Salut Alexandre.
- Salut Olivier. Déjà de retour.
- Comme tu le vois. »
Nous vidons nos maigres sac dans nos armoires respectives. On n'a pas grand chose parce qu'ici on est habillé en pompier, et qu'on reste sur place uniquement le temps de notre garde. Je fais mon lit. Au carré : je suis militaire avant tout. Dans ma fonction en tout cas, parce que personnellement je suis davatage là pour le job de pompier que pour le boulot de militaire. Mon collègue s'étend sur son lit. Je fais de même. Autant prendre le maximum de repos possible avant d'affronter quarante-huit heures de folie pure. Étendu sur le dos je regarde le plafond. Nous sommes dans un bâtiment intéressant, architecturalement parlant. La caserne est un ancien orphelinat de la paroisse Saint-Sulpice fondé vers 1650. De 1801 à 1815, les Filles de la Charité conservèrent ici la dépouille de Saint Vincent-de-Paul. C'est ce que m'a raconté Pierre. Je ne sais pas qui est Saint Vincent-de-Paul. C'est un bâtiment ancien, pas un simple garage en tôle comme on peut trouver une peu partout. Cette caserne a une âme. Je ferme les yeux. Les gardes de mon frère sont organisées différemment des miennes, si bien qu'il ne sera là qu'à partir de mardi matin. Privilège du grade d'avoir des repos plus longs. En fait si les tours de gardes de sont pas calqués les uns sur les autres c'est pour éviter plusieurs choses. Premièrement, cette organisation évite qu'à une certaine heure il n'y ait plus personne. Parce que les parisiens n'aimeraient pas appeler à l'aide, et qu'on leur réponde qu'il faut attendre : que les pompiers ont déjà finis leur garde, mais que les autres devraient bientôt arriver. Deuxièmement, ça évite que les même personnes soient toujours de garde en même temps. Ainsi on évite tout sentiment. On est à l'armée merde ! Imaginer que vous ne vous entendiez pas avec un de vos supérieur et que vous soyez sous ses ordres à chaque garde de votre carrière. La poisse ! Ou au contraire que vous vous entendiez bien avec vos collègues, et que les interventions soient de vraies parties de rigolades. Pas super sympa de faire tomber une victime parce qu'un pote vous chatouille.
Dix minutes avant que ma garde commence, je vais regarder le planning. Pour deux jours me voilà affecté au FOD. Fourgon pour Opérations Diverses. Je vais à la cafét' prendre un jus bien chaud, afin d'avoir les idées claires dès le début. Un court bip se fait entendre à ma ceinture. Cela signifie que le bipeur se met en marche et que ma garde commence. C'est parti.