Fragment #10 - Questionnement nocturne

Dimanche. Le jour qui conclut une semaine et introduit la suivante. Le point final du sempiternel cycle des sept jours. Et aujourd'hui, le point final d'un cycle de sept ans. Car demain, je serai officiellement étudiante.
Etudiante... Qu'est-ce que ça change après tout ? Rien.
Dès demain, de nouveaux abrutis remplaceront ceux que j'ai connus au lycée. Je les déteste déjà.
De nouveaux profs qui, comme les anciens, à coups de stylo rouge écriront mon calvaire. Je les déteste déjà.
Une nouvelle année, succession de jours tous semblables, succession de problèmes, succession de désillusions. Je la déteste déjà.
Je remonte ma couette sur mon visage. Il est onze heures du soir, ce n'est pas le moment de penser à tout ça. Je ferais mieux de dormir. Je change de position, espérant ainsi trouver le sommeil.
Malheureusement, le stress est plus puissant que ma fatigue et je replonge sans m'en rendre compte dans un nouveau cycle de questionnements.
Si l'idée d'aller à la fac me répugne à ce point, alors pourquoi est-ce que j'y vais ? Pour préparer mon avenir ? Non, je ne peux pas préparer quelque chose que je n'imagine même pas. La vérité, c'est que j'essaye de me persuader que j'ai un avenir. Mais je ne le vois pas. Et ça m'effraie. Alors, j'étudie, en attendant un jour de trouver ma voie.
Ma voie... Qu'est-ce que c'est ? De quel avenir ai-je envie ? Quel genre de vie je veux mener ? Certainement pas la même qu'aujourd'hui. J'en ai assez de tout détester. J'en ai assez de détester les autres. J'en ai assez de me détester...
Je ferme les paupières, transformant en larmes le voile aqueux qui recouvre mes yeux.
Voilà que je pleure maintenant. Mais ça fait tellement de bien. Si seulement ça pouvait m'arriver plus souvent.
Je me sens apaisée. Comme si ces quelques larmes avaient emporté avec elles toutes mes inquiétudes. Déjà Morphée vient sécher les dernières traces de cet apaisant chagrin et me conduit dans le pays des songes.