Fragment #18 - Gastro

J'ai chaud. J'ai tellement chaud... Pourtant je tremble. Je tremble comme une feuille. Putain... Tomber malade à quelques jours de mon contrôle de physique ! Ca m'arrive jamais normalement... Et merde, faut que j'arrête de me prendre la tête. Je ferais mieux d'essayer de me reposer.
Je me mets de côté et fixe le mur. Impossible d'espérer dormir avec un mal de ventre comme ça. Je tourne et me retourne sous ma couette, mais chaque position me semble plus inconfortable que la précédente.
Tandis que je replonge dans mes pensées, je sens quelque chose remonter dans ma gorge. Lorsque la bulle de gaz arrive dans ma bouche, elle éclate, répandant un goût de suc gastrique et de reste de repas sur mes papilles. Je m'assois dans mon lit. J'essaye de respirer calmement mais rien n'y fait, je sens la nausée s'emparer de moi petit à petit. C'est insupportable. Je déteste ça ! Je veux que ça s'arrête !
Je me lève, et marche péniblement en direction des toilettes. J'ai la tête qui tourne. Les bras en protection devant moi, je parviens à me traîner jusqu'aux cabinets. J'ouvre la porte, et m'affale devant la cuvette. Je me sens vraiment mal. C'est de pire en pire. Je regarde mon reflet au fond de la cuvette. Le reflet d'une fille malade, faible... Je ferme les yeux pour ne plus la voir.
Ma bouche s'assèche de seconde en seconde tandis qu'autour de moi, tout tourne de plus en plus vite, au rythme des battements de mon cœur et du sifflement dans mes oreilles. Je m'appuie sur le rebord de la cuvette. Ma bouche légèrement entrouverte tremble, en laissant s'échapper les remontées gazeuses.
Soudain je sens mon estomac se contracter violemment tandis que ma gorge se dilate. Je penche le buste en avant alors que ma gorge, puis ma bouche, se remplissent de la mixture stomachique. Les mains fermement ancrées sur la cuvette, je déverse à l'intérieur un flot de vomissure qui vient s'écraser lourdement à la surface de l'eau, produisant un bruit des plus écœurants, et maculant au passage les parois blanches d'un liquide marron dans lequel baignent quelques grumeaux jaunâtres.
Après quelques secondes interminables, le flot semble enfin s'arrêter. Je reste encore quelques secondes au dessus de la cuvette, par précaution, avant d'aller me rincer la bouche.
Ce goût, cet acide qui me brûle la gorge chaque fois que j'avale ma salive, c'est insupportable. Très vite, l'eau fraîche vient chasser les dernières traces de suc gastrique qui avaient trouvé refuge entre mes dents et coule à flots dans ma gorge meurtrie. Je me saisis ensuite d'un mouchoir en papier et chasse avec dégoût les quelques grumeaux qui s'étaient logés dans mon nez.
Je retourne aux toilettes, tire la chasse en détournant le regard, et me remets au lit.