Antarès
| Sujet: Fragment #28 - Je vais mal 11.04.08 11:22 | |
| Mardi 22 mai 2007 à Dijon Je cours dans les sous sols de la fac. Le claquement de mes baskets contre le sol en béton se réverbère sur les parois du couloir désert. Je tourne à gauche et pousse la double porte tandis que l'air moite, à l'odeur de renfermé caractéristique de cette partie du bâtiment, me saute au visage. Je n'aime vraiment pas avoir cours ici. Et j'aime encore moins être en retard. Je jette un coup d'œil à travers la vitre percée dans la porte de la salle la plus proche. Je reconnais les visages de quelques uns de mes camarades. Bon, c'est ici. J'entre discrètement et m'assois à l'une des tables libres au premier rang. Le professeur me regarde par dessus ses lunettes puis s'adresse à moi d'un ton condescendant : « Dix minutes de retard... Vous avez de la chance que je vous accepte, c'est mon jour de bonté. Ne trainez pas, prenez donc une feuille comme vos petits camarades. » A ces mots, je suis parcourue d'un frisson. Je n'avais pas vu mais tous les autres sont en train de plancher sur ce qui semble être une interrogation surprise. Je sors un paquet de copies doubles et commence à recopier l'énoncé du problème inscrit au tableau. Je suis vraiment mal, j'ai pas du tout eu le temps de réviser. J'écris, aussi vite que je peux, pour combler mon retard, en serrant fort mon stylo, pour contrer les tremblotements que le stress transmet à ma main. Les premières questions sont simples, j'y réponds sans trop de difficulté. Maintenant, une question de cours... « Bon, il va falloir penser à terminer. » A la remarque du professeur, mon sang ne fait qu'un tour. Merde, déjà... J'essaye d'écrire plus vite mais ma main se met à trembler. Non, c'est faux ça. Vite, un coup d'effaceur. Merde, c'est quoi ça déjà ? Tout s'embrouille dans ma tête, c'est la panique. La panique, puis l'angoisse qui ressurgit. L'angoisse de ne pas réussir mes examens. L'angoisse d'être mauvaise. L'angoisse d'être méprisée par les autres. Et mes parents... J'ai envie de déchirer la feuille et de partir en courant. J'ai envie de pleurer. C'est idiot. Je suis idiote. Le prof passe devant moi et ramasse ma copie. Autour, les autres discutent bruyamment du contrôle, tandis que je reste seule face à moi même. J'ai l'impression que tout va mal. Non, ce n'est pas une impression. Tout va mal. Je vais mal. Je lève les yeux. Au plafond court une canalisation transportant les eaux usées des toilettes situées à l'étage supérieur. Depuis quelques minutes, un filet d'eau noirâtre s'en écoule lentement, puis vient s'éclater sous forme de gouttes à la surface de la table située juste en dessous. | |
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