Dimanche 2 août 2009
à Paris
10h14. Je rentre de course. Laura est là, ses petites lunettes sur son nez, travaillant au scénario de la série pour laquelle elle a été embauchée, et sur laquelle elle reste toujours très évasive dès qu'une question lui est posée.
« Bonjour.
- Bonjour. Ma chère sœur a-t-elle bien dormi ?
- Oui, j'ai juste entendu Jessica rentrer vers deux heures du matin, mais je me suis rendormie rapidement. »
Je range les courses dans les placards et j'irai la voir. Café. J'ai senti son corps contre le mien en me réveillant. Coton-tiges. Mais je ne me suis même pas aperçu qu'elle s'était glissée sous la couette. Chips. Si j'avais su, je l'aurais surement prises dans mes bras. Cordon bleu. Et elle se serait retournée en grognant. Concombre. C'est la fatigue qui veut ça.
Un bol de café, un grand verre de jus d'orange sanguine, deux tartines de beurre, et une de confiture. Je plie une serviette en papier, que je place entre le bol et le verre. Je vois aux yeux de ma sœur qu'elle trouve ça « trop mimi » de ma part de préparer le petit déjeuner, tandis que je passe devant elle avec mon plateau garni. Je frappe délicatement à la porte de ma chambre. De la lumière filtre à travers les volets, suffisamment pour que je ne tombe pas, mais trop peu pour que je distingue avec certitude dans quelle position ma douce est endormie. Je pose le plateau à mes pieds et vais entrouvrir les volets. A peine grincent-ils que : « Ferme ça ! »
J'exécute. À tâtons je monte sur le lit, remonte jusqu'à elle, approche mes lèvres des siennes, et... « Laisse moi tranquille !
- Bébé, je t'ai préparé le petit-déjeuné.
- Tu veux une médaille ? »
Ok, j'ai compris. Je sors, et ferme, dans une douceur amère, la porte de ma chambre. Notre chambre. Sa chambre.
Le plateau est resté là-bas. Comme ça elle mangera quand elle aura faim. Faut pas se foutre de la gueule du monde non plus. Je veux bien croire qu'elle soit fatiguée, mais si son premier jour de repos elle le passe à dormir, au final on ne se voit qu'un jour sur cinq, ce qui ne fait pas beaucoup pour des gens censés habiter au même endroit. En plus elle s'énerve pour rien, ce qui est assez pénible. C'est la fatigue, j'en suis sûr. Néanmoins ses sautes d'humeurs m'exaspèrent fortement !
On dirait que le diable s'est glissé dans son corps de femme, et que par moment c'est lui qui en prend le total contrôle.