Altaïr
| Sujet: Fragment #546 – Seuls dans ce monde peuplé de miroirs en miettes 01.03.10 15:10 | |
| Lundi 1er mars 2010 à Paris Elle me demande si je veux voir la petite. Je lui réponds que non. Elle me dit que je n'ai pas de coeur. Je lui réponds que oui, si ça peut lui faire plaisir. Le soleil brille dans la rue quand je sors du métro, et je marche jusqu'à la boutique, la voix de Lola vissée à mon oreille. Elle me parle du divorce avec une voix froide, je sens bien qu'elle me hait mais je m'en moque, je n'en ai plus rien à faire maintenant. Elle me dit que je la dégoute, et je ne réponds rien, je pense à son patron visqueux qui la touchait peu après notre mariage, notre stupide mariage, et cette pensée ne me révulse plus, elle me conforte dans l'idée que tout est au mieux, que c'était ainsi que les choses devaient se passer. Si j'avais eu un gramme de courage, ma Lola, il y a bien longtemps que toute cette histoire serait terminée. C'est par lâcheté que je suis revenu vers toi, par lâcheté que je t'ai demandé en mariage, par lâcheté encore que j'ai enfilé ce putain d'anneau de plomb à mon doigt. Et par lâcheté, je me suis dit que j'étais heureux dans cet appartement, avec toi et notre fille, avec ce deuxième bébé qui grossit dans ton ventre. Bon dieu, tu ne sais faire que ça ? Tu es obligée d'enfler et de pondre comme un animal ? Tu crois que ça te rend plus belle ? Toi, tu dis que tu n'en pouvais plus, de ma folie, que ça n'est pas une excuse. J'aimerais bien t'y voir moi, à ne plus savoir ce qui est moi et ce qui n'est pas moi, à ne plus comprendre qui parle quand j'entends ma voix. OK, tu as peut-être du mérite d'avoir tenu si longtemps, mais ne me parle pas de courage. Tu es aussi lâche que moi, ma Lola, tu crèves de trouille dans ce monde de merde, tu as peur d'être seule, tu as peur de n'être pas à la hauteur. Ça te plaisait bien, d'avoir ce pantin dans tes bras, et de penser : « j'ai eu la force de rester ». Et maintenant, quoi ? Nous voilà bien avancés. Toi dans les bras de ce connard, toujours aussi lâche, avec ta peur de finir seule, et ces deux gosses qui ne sont pas de lui, et moi qui vis seul avec mes frères dans cette grande maison, errant comme une ombre qui a tout perdu. Seul et seule, voilà ce que nous sommes, seuls dans ce monde peuplé de miroirs en miettes. Je ne veux plus de ces mensonges, ma Lola. Alors vas-y, tu peux raccrocher, moi j'écoute le bip-bip qui résonne, et je m'en fous, j'ai survécu à la Seine aux flots brunis, je suis sorti de l'eau glacée et je vis, je ne veux plus continuer comme ça. J'entre dans la boutique, je m'installe derrière le bureau. Mon I-phone vibre contre ma cuisse, c'est un texto de Monika. Elle me souhaite une bonne journée. Je souris. | |
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Tureïs
| Sujet: Re: Fragment #546 – Seuls dans ce monde peuplé de miroirs en miettes 05.03.10 0:13 | |
| Très beau fragment, ça fait plaisir de voir Julian faire face et essayer de reprendre sa vie en main ^^ | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #546 – Seuls dans ce monde peuplé de miroirs en miettes 05.03.10 0:23 | |
| Il reprend sa vie en main mais bon, il est un peu terne, quand même ^^ | |
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| Sujet: Re: Fragment #546 – Seuls dans ce monde peuplé de miroirs en miettes | |
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