Bételgeuse
| Sujet: Fragment #31 - Vendredi soir 12.04.08 20:18 | |
| Vendredi 11 août 2006 à Dijon La lumière violette danse dans mon cocktail. J’ignore de quelle couleur il doit être en plein jour, mais ce soir il oscille entre le rose bonbon et le bleu nuit, au rythme de ma main qui le soulève, le porte à mes lèvres, repose le verre. Je joue avec la paille, tube de plastique coloré et inutile, mais si doux et familier. Les basses résonnent dans ma poitrine, mon cœur bat en rythme, la musique est assourdissante, et j’aime ça.
Francis est obligé de se pencher tout contre mon oreille pour me glisser des avances, qui ne tarderont pas à trouver une réponse. Si je ferme les yeux, ma tête remue en rythme, et mes lèvres dessinent d’elles-mêmes un sourire.
Battement reconnu d’une chanson adorée. J’avale d’une traite le reste du cocktail, et abandonne mon verre qui n’est plus que d’un violet sombre et translucide sur la table. L’espace d’un moment ce verre a connu toutes mes peines, mes larmes, et mon sang, et il n’est plus à présent qu’un banal objet utilitaire laissé seul dans un coin. Cette pensée m’attriste un moment, puis je reprend mon chemin en quête de déhanchement. Il ne m’a pas suivi, et je sais que c’est parce qu’Il aime me voir danser collée à d’autres. Ma tête est un nuage, et mon cœur un djembé, et chaque coup frappé sur la peau résonne longtemps à l’intérieur.
Mes fesses remuent de droite et de gauche, et je sens tous les regards posés sur moi, mon corps qui s’enroule autour de sa proie comme une liane. Je sens l’avidité de l’Autre dans ses yeux, dans ses mains qui essaient de dérober mes hanches. Je m’approche un peu plus de lui, ma danse n’est plus qu’un frottement bestial et rythmé.
Puis Il vient enfin se coller derrière moi, et à l’étonnement de l’Autre, il répond en lui caressant les fesses. Puis Il nous glisse, l’air de rien :
« Un rail, ça vous dit ? »
Nous nous retrouvons dans les toilettes, Il nous les prépare. La musique parvient faiblement jusqu’à nous, mais mon cœur bat toujours aussi fort. Puis l’Autre commence à me toucher, et nos trois corps s’entremêlent au-dessus de la cuvette de ce bar branché. | |
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