Fragment #112 - Déménager ?

De : L'Efta
A : Julian
Date : 8 octobre 2007 15:25
Objet : Re: Rassemblement

Salut,

J'ai bien reçu ton mail, et je suis désolé de ne pas pouvoir me joindre à vous ce soir à cause de mes cours.
J'aurais bien aimé écouter ce que tu avais à dire, et je veux bien que tu me donnes une sorte de compte-rendu de votre réunion lorsqu'elle sera terminée. Je n'ai pas besoin de cela pour ne pas me sentir seul ou exister, mais je suis curieux de savoir d'où te vient cette idée, et la raison pour laquelle j'y suis imbriqué, outre le fait que Nathan m'ait donné ton adresse. Même sans tenir compte de la dimension mystique que tu donnes à ce clan, j'ai du mal à comprendre sa finalité. Est-ce si important de ne pas se sentir seul ?
En bref, tu l'auras compris, je suis sceptique mais curieux. Qu'est-ce qui fait que j'ai été choisi et pas Léa ? Quel est le critère ? Pourquoi quelqu'un à l'autre bout de la France ?
J'espère que votre soirée se passera bien.
A un de ces jours,

Léopold.

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Voilà. Je suis réellement curieux, et je suis bien obligé d'être conciliant si je veux des réponses. La mort de Karim me semble avoir un lien avec toute cette histoire, et c'est sans doute un peu à cause d'elle que j'ai répondu. C'est stupide et irrationnel, mais j'ai la vague impression qu'il peut m'apporter des réponses. Je verrai bien, cela ne me coûte rien de lui écrire, il est si loin.
Je songe à Léa que je n'ai pas pu voir aujourd'hui. Heureusement que nous nous sommes vu samedi et hier, j'avais besoin d'elle après l'épisode du début de week-end. Sans doute est-ce la première fois qu'une mort m'affecte autant. Ou plutôt, non, la seconde. Et pourtant c'est idiot, ce n'est rien, j'ai simplement rêvé de lui. Mais ce rêve... il n'était pas comme les autres, voilà ce qui me met la puce à l'oreille. C'était comme s'il ne s'inscrivait pas dans le temps ni dans l'espace.
Je divague. Julian me contamine.
Je soupire en achevant de lire mon cours de physique. J'ai décidé de relire au moins une fois mes cours, cette année. Je ne suis sans doute pas le seul surdoué de France, et travailler un petit peu ne sera probablement pas de trop pour entrer à Polytechnique. Malgré cela ce n'est pas avec le baume au coeur que je m'exerce ainsi ; j'ai déjà l'impression de me souvenir de tout.
« Léo ?
- Qu'est-ce qu'il y a, Jérôme ? »
Il entre entièrement dans ma chambre, et se dandine quelques secondes, l'air un peu benêt, comme pris en flagrant délit en train de raconter des sottises. Nos relations sont si peu conventionnelles...
« Christelle et moi... nous songeons à nous installer ensemble. »
Un monde s'ouvre à moi.
« Pour l'instant, elle viendrait ici, ou bien j'irais, enfin nous irions chez elle. Pour voir. Euh... qu'est-ce que tu en penses ? »
Il retient son souffle. C'est dans ces instants que je vois que malgré la manière dont je le traite, il tient à moi. N'est-ce pas mignon... Je le laisse patienter quelques secondes, juste pour le plaisir. J'imagine, si Christelle et lui se marient... est-ce que Léa et moi seront alors déclarés comme frère et soeur ? L'idée de l'inceste, même s'il n'est pas consanguin, me fait sourire.
« Léo ?...
- Eh bien... ce pourrait être sympa, je veux bien que l'on essaye. »
Il sourit. Un vrai sourire, comme il en fait depuis quelques mois. Il est heureux. Un soupir de soulagement s'échappe de sa poitrine.
« Tu as une préférence quant à qui irait où ?
- Non, pas vraiment, je n'y ai pas encore énormément réfléchi, tu sais.
- Oui c'est vrai, excuse-moi ! N'hésite pas à me le dire si tu as une préférence. Et puis tu pourras en parler avec Léa, vous avez l'air de bien vous entendre ! »
Il a beau aller mieux, il est toujours dans son monde parallèle où ce qui m'arrive n'est qu'un lointain mirage flou, quand bien même il tente de s'y intéresser.
« On s'entend bien, oui...
- Allez, bonne soirée ! »
Je le salue de la tête, et il sort du bureau. Je vais installer un ordinateur dans ma chambre.
Je vais chez Léa ou bien elle vient ici ?