Bételgeuse
| Sujet: Fragment #57 - Le lent retour à la banalité 13.04.08 18:58 | |
| Mardi 26 septembre 2006 à Dijon Quand j'aurai repris assez de forces, j'irai l'étrangler. Je hais ce mec qui est venu s'installer en bas de chez moi, je le hais tellement. Cela me ronge les entrailles, tellement je le hais! Il paraît qu'il faut une bonne motivation pour remanger suffisamment, je tiens la mienne! Elle ne se doute de rien de ce qui se trame dans mon esprit, se contentant de me sourire en secouant ses courts cheveux d'un violet profond. Elle prétend qu'elle est passée prendre des nouvelles, mais je sais qu'elle est là pour me surveiller, et pour cela, je la hais. Soudain, tu ne vaux pas mieux que lui, Charlotte. Toujours au calme, Sylvia. Ne mange jamais sous l'emprise d'une émotion. Loupé. Je mange, et je hais. Je me contente d'une tomate, mais elle ne passe pas, elle forme comme une boule dans ma gorge, et je sens que j'irai la vomir dès que je pourrai. « Sylvia... je croyais que tu voulais reprendre des forces, qu'est-ce que tu me fous, là ? » Ta gueule, Mademoiselle je-sais-tout ! Comme si tu savais ce que j'éprouve, ce par quoi je suis passée. Tu ne te doutes même pas qu'en ce moment précis, je te hais de toutes mes tripes. Tu es mauvaise, Sylvia. Oui, je sais, mais je ne peux pas m'en empêcher, face à cette fille qui est venue me surveiller, comme si je n'étais pas assez grande pour avoir envie d'étrangler ce connard toute seule ! « Je ne peux vraiment pas, là. » Elle me demande si je veux me reposer. Elle me dit textuellement, tu veux te reposer ?, mais non, connasse, je voudrais changer d'air, je ne compte même plus le nombre de jours que je suis enfermée ici, entre les murs de mon esprit haineux et dérangé. Je sais que tu penses ça de moi, Sylvia est dérangée, comme tout le monde. Mais toi, tu es pire, parce que tu as l'hypocrisie de m'appeler « amie ». « Oui, j'aimerais. » Elle me dit qu'alors, elle va partir. Mais promet-moi de manger ce soir, Sylvia. Petite chose stupide et insignifiante! Prend-moi donc pour une enfant gâtée qui fait un caprice, ne te gênes surtout pas! Maintenant dégage vite, avant que je n'ai plus la force de retenir cette haine contre vous tous. Elle ferme la porte doucement, comme pour ne pas me déranger. Connasse !
J'attends un peu, je sais qu'elle est derrière la porte, ma mère faisait pareil. Mama... Comme ce serait facile de te haïr, toi aussi. J'attrape mon portable, qui gît sur le sol. Cherche Son nom dans le répertoire. « Allô Francis ? Tu fais quoi ce soir ? Il faut que je sorte d'ici... » | |
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