Spica
| Sujet: Fragment #19 - Retour à la normale 19.05.08 15:01 | |
| Lundi 11 septembre 2006 à Paris Deux jours que je ne parviens pas à joindre François. Depuis que nous avons atterri et que sa maman chérie a récupéré son petit fils chéri, je n'ai plus de nouvelles. Sa mère a été plus maligne que moi cette fois-ci. Je sais qu'il a lu la lettre. Chaque fois que j'appelle chez sa mère, elle me sort un bon gros mytho du style « il est sous la douche Camille. Je suis sure qu'il va vous appeler. » Je la déteste cette salope de vipère. Je m'en souviendrai pour le jour où elle voudra voir ses petits-enfants. Ils auront toujours autre chose à faire. Qu'elle me prenne encore pour une conne celle-là ! De toute façon, François reprend le travail aujourd'hui et je vais pouvoir le joindre sur son numéro professionnel. J'appelle donc le standard de Deloitte et une voie nasale me répond : « Cabinet Deloitte, bonjour. - Oui bonjour, je souhaiterais parler à François Tuvenet. - Qui le demande? » Fièrement, je réponds à cette voix digne de celle de Miss Fine (fran de son prénom) : « Sa fiancée. - Un instant, s'il vous plait. » Je patiente avec Mozart. Ou serait-ce Beethoven ? J'attends pendant cinq bonnes minutes avant d'entendre à nouveau la voix nasillarde : « Il n'est pas disponible pour le moment. Puis-je prendre un message ? - Bien sur. Pouvez-vous lui dire que Camille a appelé et que je souhaiterai qu'il me rappelle chez mes parents ASAP. - Pouvez-vous épeler ASAP ? - Remplacez ASAP par dès que possible. Merci. » Je raccroche le combiné de manière assez violente. Charles me regarde bizarrement. Il a beaucoup grandi depuis que je suis partie. Il a laissé pousser quelque peu ses cheveux blonds qui se bouclent superbement. Il a musclé son corps encore chétif pendant l'adolescence. Il est vraiment devenu canon. Mon petit frère doit avoir pas mal de succès avec la gent féminine. « François ne t'a pas encore rappelé. Ca ne m'étonne pas. » Arf, voila pourquoi je le déteste en fait. « Mêle toi de ce qui te regarde. D'ailleurs tu n'as pas deux ou trois boutons à aller te percer au lieu de rester dans mes pattes ? » Il s'en va tête baissée. J'ai été un peu dure avec lui surtout qu'à cause de son acné, il a eu pas mal de souci à l'école. Je le suis dans sa chambre et m'excuse. Il me dit que c'est rien et qu'il très content que je sois rentré. « Tu sais petit frère, François est un homme adorable et je suis sure qu'il fera un très bon époux. - Vous allez vivre où ? - On en a pas encore parlé. De toute façon pour le moment, j'ai l'impression que le mariage est mal parti. - Tu as fait quoi ? - Rien de bien méchant. Je vais régler ça, ne t'inquiète pas. Bon et toi alors ? Tu dois en faire tourner des têtes maintenant ? » Il me regarde de ses jolis yeux verts qui s'humidifient progressivement. « Moi... » La sonnerie du téléphone retentit dans toute la maison. J'ai l'impression qu'une telle sonnerie pourrait réveiller un mort. Je cours vers le téléphone laissant mon frère seul dans la chambre. « Allô ? - Camille, ma belle. C'est moi. - J'étais inquiète. Pourquoi tu ne m'as pas appelée ? - J'ai lu la lettre Camille. Je ne t'en veux pas, ne t'en fais pas. J'avais juste besoin de temps pour assimiler l'information. Tu veux toujours te marier avec moi? - Bien sûr. Plus que tout. - Prépare toi, je passe te prendre à sept heure pour aller dîner. Je t'aime. - Moi aussi. » Je raccroche le combiné, lance la musique de « Ca plane pour moi » et me mets danser comme une folle. La musique est à fond et mon frère ne peut que venir me rejoindre, on s'entraîne dans une danse frénétique. On finit par tomber d'épuisement sur le sofa. Je le regarde et lui demande s'il va bien. Il sourit et me répond pas un oui timide même si ses yeux trahissent une profonde tristesse. Mon chéri, je finirai par savoir ce qui te tracasse. Mais pour le moment je dois me préparer. Mon beau vient me chercher. Je file enfiler une petite jupe noire que je viens tout juste d'acheter chez Versace avec la carte de crédit de maman, un pull en cashmire beige, mes chaussures Prada et un collier de perle (encore merci maman). François sera époustouflé, il faut bien que je me rattrape. Je lui ferais le grand jeu ce soir. Comme dit Marie-Dolores De La Sierra, « pour garder son homme, il faut chaque jour le séduire comme au premier jour ». J'applique ce conseil à la lettre... La lettre qui a failli me perdre, me servira à renforcer son amour pour moi. Trois heures plus tard, une bouteille de vin, une autre de champagne et une chambre d'hôtel dans Paris, et nous voilà de nouveau heureux... Retour à la normale, en tout cas pour François et moi. | |
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