Sargas
| Sujet: Fragment #42 - Le jour où... 11.04.08 22:18 | |
| Mardi 30 octobre 2007 à Lille Ce jour là, dans le lit lorsque je me suis réveillé, j’avais froid. Mais à l’heure où je me suis levé, il était normal que tu sois déjà partie. Je suis allé à la salle de bain et suis resté longtemps sous la douche, chargé d’une nuit parfaite passée à faire longuement l’amour avec toi. Puis je me suis habillé. Il était onze heures. J’ai pris un petit déjeuner léger parce que le lundi, je savais que tu rentrais manger à l’appart. Tu arrivais à toute vitesse, mangeant une salade ou une tranche de pain. Je te disais d’avaler plus que ça, tu m’embrassais en te brossant les dents et tu repartais dans les deux minutes qui suivaient. Mais ce lundi ci tu n’es pas rentrée. Je ne me suis pas plus inquiété que ça. Un cours à rattraper ou bien une copine croisée en chemin et souvent je ne te voyais qu’au soir. Mes parents m’ont appelé pour me souhaiter mon anniversaire. J’ai eu Claire aussi au téléphone. Elle semblait malade. Elle avait une petite voix. Les copains m’ont appelé. Mais tu avais été la première à me le souhaiter cette nuit. A minuit une. Je t’ai serré fort dans mes bras, joignant mon corps au tien. Je n’ai vu que vers dix sept heures le mot que tu avais laissé sur le miroir de la chambre. Cette petite lettre. Même pas une lettre en fait. Une petite feuille de ton bloc-notes Hello Kitty, celui que je t’avais acheté quelques mois plus tôt, rue de la Clé. J’ai souri d’abord en voyant ton écriture de petite fille de vingt ans. Au début, j’ai cru à un petit mot doux, un mot d’amoureuse à son amoureux. Mais au final, tu me disais doucement que tu étais partie et qu’il ne fallait pas que je te cherche. Damien, mon amour. J’ai décidé, il y a quelques temps, que je devais partir. Je ne te quitte pas. Non. Cela m’est impossible tant je t’aime. Un jour, tu comprendras, mais en attendant n’essaye pas de me retrouver. Je t’en supplie. Cela est déjà bien assez difficile. Pour nous éviter bien d’autres souffrances ou des déceptions, c’est nécessaire. Je t’aime Damien. De tout mon être. Mais je dois partir. Pardonne moi. Un jour, si tu le peux, pardonne moi. Vis. Sofia. Notre relation a commencé comme une belle histoire de cinéma. Tu y as mis terme avec tout le dramatisme d’un grand film. Un an après, je cherche toujours à comprendre. Quelles souffrances voulais tu m’épargner ? Des souffrances depuis que tu es partie, j’en ai connu. Tu serais restée, rien de tout cela ne serait arrivé. Mon poignet compterait une cicatrice de moins, mon corps ne serait pas atteint par des drogues. Mais je ne t’en veux pas. Pas du tout. Parce que je continue à t’aimer. Comme au premier jour.
Je lève la tête et regarde autour de moi. Je me suis caché une bonne partie de la journée sur la terrasse du bureau. Sean est derrière moi. Il attend. Silencieux. Je replie le mot et le glisse dans mon portefeuille. Julie aussi m’attend à l’appart avec Claire, mes parents et Ian qui doit être venu avec sa femme son fils. Pour fêter mes vingt-six ans. « We should go Damien. It’s your birthday. - Je sais. C’est juste qu’aujourd’hui c’est... - I know. Claire m’a dit. - Depuis quand tu sais que c’est aujourd’hui ? - Since august. Sorry. Should’ve told ya. » Nous avançons jusqu’à l’appartement en silence. Arrivés devant la porte, mes clés ont à peine le temps de tinter que déjà ma mère ouvre en grand. « Joyeux anniversaire ! » Tout le monde a crié en même temps. Je souris quand même. Difficilement. Les images d’il y a un an se superposent à celles d’aujourd’hui. Mes larmes sont interprétées comme des larmes de joies. Tant mieux. Ian me présente à sa femme et son fils, mes parents m’embrassent, Julie aussi puis me murmure quelques mots tendres. Sean est le premier à m’offrir son cadeau. Un jeu vidéo. Mes parents me donnent une enveloppe. Depuis quelques années, ils me donnent un peu d’argent que je dépense généralement pour leur faire des cadeaux. Ian me tend une petite boîte contenant des logiciels pour mon mac. Tandis que je fais mes remerciements, je remarque que ma petite sœur est assise à part. Claire est la seule à ne m’avoir encore rien dit ce soir. Je n’avais même pas fait attention qu’elle était restée assise dans le canapé. Elle tient un petit paquet sur ses genoux. Je m’assois à côté d’elle et lui tend un verre. Elle a les yeux rouges. « Ca va ? Tu vas bien ? - Oui. Ca va. » Sa voix trahit des pleurs récents. Je m’approche d’elle et passe un bras autour de ses épaules. « J’y ai pensé. Toute la journée. Je suis le premier concerné. » Claire s’effondre sous mes yeux. Les larmes coulent, exprimant sa souffrance comme aucun mot ne saurait le faire. Elle me tend le paquet. « Pardonne moi Damien. Je t’en supplie. Pardonne moi. » Sur le paquet ce n’est pas l’écriture de Claire. | |
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Tureïs
| Sujet: Re: Fragment #42 - Le jour où... 02.02.09 5:12 | |
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